Fernando, vous avez réussi à attirer l'opinion publique espagnole vers la Formule 1. Qu'est-ce que cela vous fait ?
FA : Je suis très fier de ce que nous avons suscité en Espagne, parce que ce n'est pas un pays traditionnellement attaché à la F1. Nous y avons trouvé des fans passionnés et contribué à créer une vraie culture de ce sport. En plus, le mouvement ne cesse de s'amplifier, il y a de plus en plus de gens intéressés. A l'approche du Grand Prix, toute l'Espagne va être en ébullition. L'ambiance est formidable, c’est une énorme fête pendant tout le week-end. Je pense que les fans demanderont une nouvelle victoire, mais ils comprennent que parfois c'est possible... et que parfois ça ne l'est pas. Je ferai de mon mieux, et je sens bien la voiture, je pense donc que nous pouvons être sur le podium. Ensuite, peut-être que nous pourrons jouer la gagne, nous ne le savons pas encore. Tout ce que je peux faire, c'est attaquer au maximum.
Revenons sur cette "Alonsomania". Avec un peu de recul, aviez-vous jamais imaginé qu'un tel phénomène pouvait se produire ?
FA : Non, jamais. Je me considère comme quelqu'un de très chanceux. Je fais un métier que j'adore par dessus tout et je gagne ma vie avec. Hors des circuits, je suis quelqu'un de normal : je suis les résultats de Real Madrid et j'aime me retrouver avec mes amis. Quand j'étais plus jeune, je n'étais pas sûr de pouvoir accéder un jour à la Formule 1. Je cours depuis que je suis tout jeune et j'ai toujours aimé la victoire, mais la F1 me semblait à l'époque vraiment très loin. Je n'étais pas forcément prédestiné à vivre ce que je vis aujourd'hui. Pendant très longtemps, j'ai cru que je deviendrais mécanicien de kart ou quelque chose du genre, mais jamais pilote de F1.
Au volant de votre monoplace, qu'est-ce qui vous plaît ? Les aspects techniques ? La vitesse ?
FA : Tout simplement la course : le fait d'avoir une voiture devant moi et de tenter de la doubler, ou de résister à une voiture qui fond sur moi. C'est vraiment cet aspect compétitif qui me plaît et pas le fait de tourner tout seul autour d'un circuit, que je trouve inintéressant. Et je réagis de la même façon quand je vais chercher ma voiture au parking : je veux y arriver le premier. Pareil sur un vélo, et pareil pour tout dans la vie, en fait. J'ai toujours envie de faire la course avec quelqu'un.
Certains commencent à parler du championnat. Qu'en pensez-vous ?
FA : En début de saison, cela ne faisait pas vraiment partie de nos objectifs, mais au vu des résultats, peut-être que le rêve peut devenir réalité. Mais le championnat ne m'inquiète pas plus que ça parce que ce n’était pas le but cette année. Ce serait différent si j'étais dans une équipe qui vise explicitement le titre, c'est certain. Mais chez Renault, c'est différent : nous améliorons la voiture année après année et nos progrès surprennent tout le monde. Je vous avoue que j'aimerais bien lutter pour la victoire finale et, pour l'instant, c'est vrai que nous sommes bien placés. Mais pour cela, il faudra que nous travaillions encore plus dur, que nous nous occupions du moindre petit détail et que nous tenions à distance McLaren et Ferrari.
Fernando, les essais de vendredi viennent de se terminer : avez-vous ressenti une pression particulière ?
FA : La pression ? Non, ce n’est pas vraiment ce que je ressens en ce moment. Il s’agit plutôt s’un surcroit de motivation : être dans mon pays et bénéficier d’un tel support, c’est génial. En F1, cependant, il y a toujours de la pression. Je l’ai connue en Malaisie, à Bahrein, à Imola, et je la connaîtrai aussi à Monaco. La pression fait partie de ce sport. Il faut faire avec et tenter d’apprécier ce week-end spécial.
Comment se présente la suite du week-end ?
FA : Il est toujours difficile de sa faire une idée précise après le vendredi, mais il y a peut-être quelques signes. La Ferrari n’était pas très compétitive aujourd’hui, mais elle sera certainement plus rapide demain. Aujourd’hui, elle avait sûrement beaucoup d’essence. McLaren ? Cette équipe est toujours forte le premier jour, mais le samedi et la course, c’est autre chose. Il faudra attendre, mais je pense qu’ils seront là. Les Toyota n’étaient pas compétitives à Imola, mais elles semblent rapides ici. Je pense que c’est un circuit qui leur convient. La compétition viendra de partout ce week-end !
Qu'est-ce que cela vous ferait de monter sur le podium à Barcelone ?
FA : Ce serait probablement le meilleur moment de la saison pour moi. Seul un titre mondial serait plus fort qu'un podium ou une victoire à Barcelone.